Fantasy Force - Arhon V

La demeure du Messager offrait de journée une vue magnifique, en partie grâce à sa position sur les hauteurs de Syhernalla et entre autre partie grâce au paysage lui-même. Une véritable mer de verdure s'étendait sur tout l'horizon et seules quelques basses collines en troublaient la tranquillité. Malgré tout, il était facile d'imaginer les vagues champêtres que pouvait créer un léger vent soufflant sur ce qui était connu sous le nom de "Tapis vert" chez les humains. Un œil acéré pouvait distinguer les prémices d'une grande forêt à l'horizon. A droite et à gauche s'étendait la montagne du milieu et en bas, la partie orientale de Syhernalla.

La Syhernalla ponantale offrait une vue directe sur un paysage de forêts, de collines et de plaines. La ville, bien qu'en grande partie construite en hauteur, était surplombée par une cascade qui l'alimentait en eau. On y trouvait de magnifiques jeux d'eau et ses bains étaient réputés dans le monde entier. Des esprits, que certains considéraient comme mesquins et d'autres comme guides touristiques, prétendaient que la ville rivalisait presque avec le temple du chapitre de l'Eau. De multiples jardins parachevaient l'édifice et faisaient la joie de l'université de botanique et de jardinage de la cité.

La Syhernalla orientale, contrairement à sa sœur, s'étendait moins en hauteur et bien plus en superficie. En effet, les montagnes du milieu étaient quasiment infranchissables du coté de la cité et il était difficile de ne pas voir un ennemi arriver de la plaine. Cette même plaine étant essentiellement peuplée de races à vertu pacifique, les elfes et les silènes.
Cette partie de la ville abritait également les plus grandes et nombreuses écuries et étables du continent, les silènes ayant fait de l'élevage leur spécialité. On pouvait également assister à des parties de Kreelnaoh, un jeu en équipe silène, où la vitesse et l'adresse sont nécessaires. Un immense marché avait également lieu régulièrement.

Les deux cités étaient reliées par le réseau de galerie initialement creusé par les nains et emprunté fréquemment par des milliers de gens. Des personnes vivaient à l'intérieur des galeries, mais toujours à proximité de l'extérieur. La première raison est que les dirigeants de la cité ne souhaitaient pas avoir une cité dans la cité et que les galeries étaient un point stratégique. L'autre raison, moins avouable et plus mystique, est que des légendes circulaient sur ces galeries. On racontait que le mal qui poussa les deux frères nains à la destruction de leurs cités était toujours là, en attente d'une ouverture quelconque et de la reprise de ses méfaits.


La troupe, déjà à cheval, attendait que le maître des lieux se manifeste.
-- Pour quelqu'un de ponctuel, je trouve que Le Messager est un poil Lève-tard, remarqua Kay.
-- Il est parti chercher sa monture, lui répondit Arhon.
-- Je pensais qu'il viendrait à pied. On raconte tant de choses à son sujet !
-- Malheureusement, ces commérages contiennent souvent une part de vérité.
-- Tu plaisantes ! Comme s'il avait pu sauter sur sa longueur le gouffre de Trashor, ce qui représente à peu près deux kilomètres…moi, je dit que ce sont des aberrations. D'autant plus que cela est censé s'être passé il y a 150 ans…
-- Maître Arhon et moi-même y étions, dit Sac d'os. Je me souviens très bien des circonstances qui ont emmené cet exploit. A l'origine,…
-- Ce n'est pas la peine d'en parler, coupa Arhon. J'ai assez perdu d'argent sur ce coup là.
-- Vous auriez pu perdre bien plus, rappela Sac d'os.
-- Qu'est-ce que c'est que cela ? s'étonna Shijuga, la tête tournée vers les écuries.
-- Je suppose que c'est un slymoë. En tout cas, les descriptions correspondent, répondit Kay.

Le Messager se dirigeait vers eux, monté sur un énorme félin à fourrure verte. Bien que debout, l'animal était aussi grand qu'un cheval et l'on pouvait se demander s'il n'en mangeait pas deux au petit déjeuner.
Le slymoë était considéré comme l'un des prédateurs les plus féroces du monde. Une taille impressionnante, des armes naturelles de même proportion et une intelligence animale assez développée en avaient fait un défi pour les éleveurs silènes. Seuls quelques uns avaient été partiellement domestiqués.
-- Bon, on y va. La route est longue jusqu'à l'Assemblée, dit Le Messager.
-- Je suis inquiète, on n'a pas pris beaucoup de provision pour le voyage, dit Kay.
-- Nous nous arrêterons en ville pour nous réapprovisionner, dit Le Messager.
-- Il y a des villes dans ce champ géant ? s'étonna Kay.
-- Bien que mon peuple soit essentiellement nomade, il existe des regroupements plus ou moins permanents qui font office de ville. Il faut savoir où regarder.
-- Nous couperons à travers champ lorsque ce sera possible, je n'ai pas envie d'être en retard.
-- Pourquoi, tu as un rendez-vous galant, Arhon ? dit Kay ironiquement.
Le Messager, Arhon et Sac d'os ne répondirent pas et se contentèrent d'avancer, la mine plus sombre que jamais.

La traversée de la ville fut la plus aisée que Kay ait connue jusqu'alors. Ils empruntèrent naturellement la voie destinée aux véhicules et montures, mais tout le monde les laissait passer en voyant l'énorme animal. Mis à part la vue, la ville semblait monotone pour qui n'avait pas d'intérêt dans le bétail et ses dérivés. Ils se retrouvèrent bientôt devant l'immense océan de verdure.

-- C'est quand même très plat comme pays et toutes les collines se ressemblent, risqua Kay.
-- C'est parce qu'on ne voit pas les rivières avant de tomber dedans. Elles ne sont pas larges mais assez nombreuses pour que l'on ne meure pas de soif. De plus, mon peuple maintient le pays dans cet état en éliminant les arbres qui pousseraient trop haut.
-- Tiens ! Et pourquoi ? rétorqua Kay saisissant l'occasion.
-- Par exemple, il est difficile d'attaquer notre pays par surprise et il ne me semble pas d'ailleurs que quelqu'un s'y soit essayé. Cela nous aide nous, mais aussi les elfes qui ont une frontière avec nous. De plus, notre peuple a toujours vécu de cette manière et essaye de préserver ce pays tel qu'il est. Les autres raisons ne sont pas divulguées aux étrangers car elles sont d'ordre de politique nationale.
-- Enfin, ça manque tout de même d'arbres et de bosquets.
-- Faisons courir les chevaux, ils en ont marre de trottiner.
-- Mais on va les essouffler ! Je croyais qu'on en avait pour un mois avant de rejoindre l'Assemblée ?
-- Vous semblez oublier, très chère, que vous monter des chevaux issus des meilleures écuries silènes. Il sont presque aussi increvables que moi. Ils pourraient courir sur 100 km et battre un cheval normal à la course. C'est en ne les faisant pas courir qu'on les fatigue.
-- Je hais ces moments là ! dit Sac d'os.
-- Tiens donc ? s'interloqua Shijuga.
- Je suis tellement léger que j'ai du mal à tenir correctement sur la selle, dit Sac d'os en guise de réponse. Le cheval le sent bien et il en profite.
Sac d'os n'avait pas sitôt fini sa phrase que son cheval partit au grand galop. On pouvait le voir s'accrocher fermement pour ne pas être éjecté par le galop de l'animal.

-- C'est CA que tu appelles une ville ? s'étonna Kay.
Une quinzaine de jours après leur départ, ils étaient enfin arrivés, en matinée, à une de ces villes dont parlait Le Messager. En guise de ville, ils trouvèrent quelques maisons de bois regroupées autour d'une petite place et tout autour de nombreuses tentes.
Les bâtiments construits "en dur" se composaient essentiellement des quartiers généraux du bourgmestre, d'un magasin et de trois auberges.
-- Et pourrait-on savoir comment la très experte définit-elle une ville ? répliqua Le Messager.
-- En tout cas, pas de la même manière que ta race, j'en ai peur…un village, tout au plus !
-- Ce "village" possède une population aussi importante qu'une petite ville et une population très mouvante, composée de nomades mais aussi de nombreux touristes. Il faut dire que nous avons un organisme touristique assez performant.
-- Attends un peu, tu as vu le monde qu'il y a dehors ?! Ce n'est pas ce que je considère être "la population d'une petite ville"…
-- Il me semble que la petite aurait besoin d'un petit séjour à l'office de tourisme, lança Arhon.
-- Qu'est-ce que j'ai dit encore comme bêtise ? dit Kay d'un ton rageur.
-- On est le matin et chez les silènes, le matin est quelque chose de sacré, lui répondit Sac d'os.
-- Je ne vois pas le rapport…Il n'y a pas que des silènes, ici !
-- Les humains et certaines autres races, notamment naines, ont tendance à se laisser emporter dans cette…fête, continua Sac d'os.
-- Vous ne pouvez pas parler plus clairement, à la fin ?
-- Ils cuvent l'alcool ingurgité la veille, dit Arhon en rigolant à moitié, et cela TOUS LES JOURS.
-- C'est bien une attitude typiquement mâle. Je suis même étonnée que notre compagnon ait supporté l'abstinence de quinze jours forcés. Mais pourquoi tu rigoles encore, Arhon ?
-- Tous les silènes boivent : les hommes comme les femmes et à partir de 10 ans, dit Le Messager. Officiellement s'entend. Quand à la question des longs voyages, j'emporte toujours avec moi une gourde spéciale.
-- La verte ou la brune ? dit Kay après un rapide coup d'œil au slymoë.
-- Je te déconseille d'en boire à moins que tu ne veuilles déboucher ton intérieur.
-- D'ailleurs, je commence à avoir soif. Si on allait faire un tour à cette auberge ? demanda Arhon.
-- Décidemment, où que l'on soit dans le monde, les hommes sont tous les même, se résigna Kay.

L'auberge du "cheval fringant" ressemblait…à une auberge. Le bâtiment était si impersonnel que l'on pouvait penser qu'il avait été construit le matin même. Seules les traces de beuverie de la veille, et certainement des années passées, et la présence de buveurs tardifs attestaient de l'ancienneté de l'établissement.
Malgré l'heure matinale pour un silène, le tenancier nain et deux serveurs silènes les accueillirent. Contrairement à ce qu'avait pensé Kay, ils ne présentait pas le même état de délabrement que leurs clients.

-- Bonjour Kragg ! Les affaires marchent toujours à ce que je ne vois pas.
-- Comme tu as pu le constater en arrivant, une ville fantôme à cette heure est synonyme de profit pour nous ! Tiens… mais tu me ramènes du beau monde. Ca faisait un bon bout de temps qu'on ne t'avait pas vu par ici, Arhon. Toujours accompagné du prêtre ascète ? Mais que vois-je ? Une femme ? Elle doit être bien téméraire pour vous accompagner. Et un oriental ! Il avait peut-être raison, finalement, cet homme ?
-- De quoi parles-tu encore ? demanda Arhon. Kragg a le défaut de trop parler, dit-il pour Kay et Shijuga. Donne nous quelque chose d'approprié et raconte nous ça.
-- Vous voyez le type là-bas dans le coin ? dit-il en désignant de la tête un humain qui gisait littéralement au fond du bar. Il n'a pas arrêté de me dire qu'il avait vu un oriental habillé bizarrement. Vu l'état dans lequel il était, je pensais qu'il délirait : on ne peut pas porter crédit à tout ce que dit un gars bourré, n'est-ce pas les gars ? termina t-il de façon complice à Arhon et au Messager. Mais lorsque vous êtes arrivés avec…comment vous appelez-vous déjà ?
-- Shijuga, répondit l'intéressé.
-- Bienvenue ! Or lorsque j'ai vu Shijuga passer la porte, je me suis dit qu'il ne délirait peut-être pas après tout ! Je vous apporte les boissons.
-- Et moi, je m'en vais questionner cet homme, dit Shijuga en se levant. Il alla rejoindre l'homme et tenta d'en apprendre plus.
-- Au fait, comment vous procurez-vous tout cet alcool ? demanda Kay.
-- C'est un secret de politique nationale, mais je peux te dire que nous avons certains accords avec les nains, répondit Le Messager. C'est l'une des raisons de la présence de Kragg, ici même.
-- Il est aussi diplomate ? Incroyable !!!
-- Non, il fait un maximum de publicité pour la région ! La majorité des touristes que tu vois ici viennent faire la tournée des grandes boissons. Chaque région produit un alcool particulier et ils viennent y goûter.
-- Je croyais que vous importiez votre alcool ?
-- Il a bien fallut commencer par quelque chose. Seulement, peu de gens ont la résistance nécessaire pour le supporter. Il n'est donc pas très populaire…
-- Si je comprends bien, la quasi-totalité de la Sylènie est bourrée tous les matins ?
-- D'un certain point de vue…Oui !
-- Donc, une armée bien organisée pourrait conquérir une partie de la Sylènie depuis le soir, où vous buvez, jusqu'au matin ou vous cuvez !
-- Vu de cette façon…Oui ! Mais en réalité, cela ne marchera pas !
-- Et pourquoi donc ? demanda Kay, puis rapidement: "Sécurité nationale, je parie ? Et comment se fait-il que tu sois autant au courant des affaires politiques de ton pays ? Tu lis les courriers que tu convoies ?"
-- Non, dans ma guilde, c'est déshonorant. Je fais simplement partie du conseil de protection nationale.
-- Et ce n'est pas incompatible avec ton rôle d'homme de religion, ça ? demanda t-elle en lorgnant les boissons que rapportait Kragg.
-- Absolument pas ! Il faut bien que je montre l'exemple ! Et puis, ça forge notre résistance légendaire.
-- C'est votre résistance à la course pas à l'alcool qui est légendaire ?!
-- Mince alors ! Mon peuple se serait fourvoyé pendant des siècles ! Autant continuer alors, à moins de vouloir passer pour des imbéciles ! A la votre ! Lança t-il en vidant sa chopine, suivit de près par Arhon.
Kay fut plus prudente et en goûta simplement une gorgée.
-- Mais c'est un jus de fruit !
-- Tout ce qu'il faut pour garder la forme ! dit Arhon. Tu ne croyais sérieusement pas que les silènes se contentaient principalement d'alcool ?
-- Vous m'avez raconté des bêtises depuis le début !
-- Non, non pas du tout. Tout ce que je t'ai dit est vrai. Les silènes sont assez friands d'alcool.
-- Tiens, revoilà Shijuga qui vient boire son jus. Quelque chose ne va pas, Shijuga ?
-- J'ai parlé avec l'homme. Celui qu'il a aperçu hier fait parti des quatre personnes qui m'accompagnaient dans mon exil. Je dois le retrouver avant qu'il ne me trouve. Il doit se cacher parmi les tentes.
-- Si ça se trouve, il est déjà parti, proposa Kay.
-- Non, il devait savoir que nous passerions par là. Il ne peut pas prendre le risque de me perdre dans cette verdure.
-- Tu est sûr de ne pas avoir besoin d'aide ? demanda Arhon.
-- Non merci, c'est une affaire que je dois régler seul. Et sans vouloir me vanter, il est loin de m'arriver à l'épaule. Il s'est déjà fait remarqué…
-- Fait attention, c'est peut-être un piège.
-- Prends tout de même ceci, dit Le Messager en lui tendant une broche ressemblant à une feuille. Si les autorités locales te veulent des misères, elle leur dira que tu es en mission spéciale. Prononce également le mot "Syhernalie" en le montrant.
-- Merci. A tout à l'heure. J'espère que tes concitoyens dorment d'un sommeil assez lourd.


-- Il est un peu bizarre depuis qu'on est parti de Syhernalla, dit kay.
-- Ce qui me fait penser que tu ne parles pas beaucoup de tes origines, Kay ?
-- C'est parce qu'il n'y a pas beaucoup à dire ! Je suis devenue orpheline très tôt. Le convoi de mes parents a été attaqué et ils furent tués. Je fus recueillie par des magiciens qui m'inculquèrent les rudiments de la magie. Depuis, j'erre d'écoles en écoles, jusqu'à cette erreur administrative qui m'a permis de rencontrer Arhon, Sac d'os et Shijuga.
-- Comment s'appelait cet endroit déjà ? demanda Arhon.
-- La vallée de Magistra, pourquoi ?
-- Non, rien, répondit-il en lançant un regard au Messager, une vieille histoire...
-- Je commence à en avoir marre de toutes ces cachotteries, l'Assemblée, le projet Résurrection et tout le reste.
-- Patience, tu le sauras bien assez tôt. Dis donc Kragg, tu en as de gros rats sous ton toit. Ils font un raffut d'enfer !
Effectivement, des bruits lourds se faisaient entendre au-dessus de leur tête. Ils se déplaçaient rapidement comme si deux personnes se battaient. Puis soudain, ils disparurent comme ils étaient apparus.

Shijuga revint une vingtaine de minutes après son départ, la mine encore plus sombre. Son arme avait du servir car il l'essuyait avec un chiffon.
-- Je suppose que ta mission fut une réussite ? demanda Arhon.
-- Oui, répondit Shijuga.
-- Tu n'as pas l'air très content de toi…
-- Je l'ai trouvé dans le grenier de l'auberge. Vous avez du entendre l'empoignade.
-- Assez, oui. Vous faisiez pas mal de bruit.
-- Bref, après l'avoir immobilisé, je l'ai interrogé et je pense que je vais finalement retourner au pays.
-- Et on peut savoir ce qu'il t'a révélé ? demanda Kay.
-- Le diplomate que j'ai réussi à tuer était mon père, le maître du clan. La personne qui m'a donné la mission était mon grand frère. Bien évidemment, il est devenu le maître de la famille et le fait que je sois parti en exil me déshérite.
-- Eh bien si tu pars, je suppose que l'on t'accompagnera tous, n'est-ce pas Arhon ?
-- Je voudrais bien, mais si j'ai bien compris, ils ne parlent pas exactement la même langue, là-bas ? répondit l'intéressé.
-- J'ai une partie de la solution, dit Sac d'os. Je parle cette langue.
-- Et depuis quand ?!
-- Je travaillais durant mes heures de garde autour du feu. Comme je ne peux pas dormir…
-- Mais cela ne règle pas vraiment le problème…je crois avoir retenu des coutumes que Shijuga a énoncé, que votre présence ne sera pas la bienvenue…
-- Nous déguiserons Sac d'os avec une robe longue et noire à capuchon et nous invoquerons un culte qui lui interdit de montrer sa chair. En plus, en arrivant à l'Assemblée, je récupèrerais une bague qui permet à Sac d'os de me parler télépathiquement. Comme ça, il me fera la traduction en simultanée. Reste à trouver quelque chose pour toi, Kay.
-- Il n'y a pas de problème pour moi. Vous voyez ces boucles d'oreilles ? Elles me permettent de comprendre tout langage parlé ou écrit. Ce sont les magiciens de la vallée de Magistra qui me les ont offert !
-- Je vous donnerai quand même les idiomes de base afin que vous ne soyez pas dépourvus, juste au cas où.
-- Bon bah, il est temps de partir. L'Assemblée nous attend.
-- Vous ne payez pas Kragg ? demanda Kay.
-- C'est fait depuis bien longtemps, répondit Arhon.

L'Assemblée se tenait devant eux. Une blessure ouverte dans la vaste plaine où des arbres parsemés grandissait sans contrainte au contraire de ceux restés sur le haut plateau. L'endroit était totalement vert et en son centre trônait une gigantesque bulle d'une noirceur telle que les rayons du soleil n'y pénétraient pas.
Pour atteindre cet endroit, ils avaient du quitter les routes prises habituellement par les touristes et voyageurs et passer devant de multiples postes de garde.
-- Dommage que le paysage soit gâché par cette boule noire, déclara Kay.
-- Tu critiques toujours ce que tu vois ? demanda Arhon. Parce que de toute façon, on s'y rend.
-- En quoi c'est fait, je n'ai jamais rien vu de tel ?
-- Si tu m'avais annoncé le contraire, je t'aurais immédiatement demandé où ! Si je te dis que cet endroit est d'intérêt national,…
-- Ok, ok, c'est bon, j'ai compris ! le coupa Kay.
-- Bon allez, descendons. Il va être bientôt l'heure, dit Le Messager.
-- Je n'avais pas remarqué que l'on suivait un calendrier précis, dit Kay.
-- Non, mais une fois arrivé, il va pouvoir boire un coup !

Le paysage était idyllique, mais l'on pouvait apercevoir des traces de ruines très anciennes qui se fondaient avec le paysage. Plus, ils se rapprochaient de la bulle, plus sa noirceur semblait les envelopper.
-- Il y a eu une guerre par ici ?
-- Pas une guerre ! Un massacre ! lui répondit Le Messager tandis qu'ils arrivaient enfin au pied du monolithe. Vous camperez ici. Les sentinelles surveillent continuellement l'endroit, vous serez tranquilles.
-- Vous avez vraiment l'intention de rentrer dans ce truc ? Je perçois qu'il en émane des énergies fortement nécromantiques…
-- Et qui l'a construit d'après toi ? lui demanda Arhon.
-- Noon, ce n'est pas toi, tout de même ?
-- Perdu, je n'avais pas la connaissance nécessaire à l'époque.
-- Mais alors, qui ?
-- Assez de questions pour aujourd'hui ! Passez une bonne soirée !
Et les trois comparses s'engagèrent dans la bulle qui s'ouvrit momentanément. Kay et Shijuga eurent juste le temps d'apercevoir un village et des personnes qui les attendaient. Arhon tomba dans les bras d'une jeune et jolie personne et le passage se referma.

-- Regardez-moi ça ! On la laisse tranquille pendant une soirée, sans tour de garde, et elle fait la grasse matinée ! protesta Arhon.
-- Je parie qu'elle va encore prétexter qu'elle a besoin de repos afin de pouvoir lancer ses sorts ! railla Shijuga.
-- Bon, ce n'est pas tout ça mais on a vraiment besoin de partir. Dis donc, Shijuga, tu ne veux pas la réveiller, s'il te plaît ? dit Arhon avec une intonation de voix suppliciante.
-- Pourquoi, moi ?
-- La dernière fois que je l'ai réveillée, elle était furax et j'ai faillit me manger un éclair !
-- Il faut dire à sa décharge qu'elle ne portait pas grand chose sur elle à ce moment là.
-- Et comment tu sais ça, toi ? Tu faisais le guet à ce moment là ?
-- Euh…c'est elle qui me l'a dit, répondit-il avec une pointe d'hésitation. Bon d'accord, je vais la réveiller.
-- Ce ne sera pas la peine ! Vous faites un tel raffut que l'on vous entend à l'autre bout de la plaine.
Le petit groupe attendit, plus ou moins patiemment, que la magicienne se prépare au voyage et lorsque ce fut fait, ils partirent à la recherche de la pierre mystérieuse. Ils se dirigèrent vers la partie nordique de la prairie et le paysage commençait à se vallonner. Il leur fallut deux jours pour atteindre les tristes collines. Elles tenaient leur nom du paysage d'où elles tentaient de ressurgir : une terre sombre et des bois en partie calcinés. Même le temps semblait s'y mêler car si la plaine des silènes baignait dans un soleil tapageur, de nombreux nuages s'amoncelaient au dessus des collines.

-- Qu'est-ce qui a bien pu engendrer ce désastre ? demanda Kay.
-- Un dragon mécontent, répondit nonchalamment Arhon.
-- Tu sembles connaître pas mal de chose sur ce qui se passe par ici, Arhon. Je veux dire pour quelqu'un qui n'est pas silène.
-- C'est que je n'habitais pas très loin au moment du drame.
-- Attend un peu ! dit rapidement Kay qui sentait quelque chose de louche. Cela fait combien de temps qu'elle est dans cet état, cette région ?
-- A peu près 200 ans, répondit Sac d'os.
-- Dans des circonstances normales, une faune et une flore auraient déjà repris le dessus.
-- Mais on parle de la colère d'un dragon, lui rappela Arhon.
-- A propos, à quelle race de dragon appartenait-il ?
-- On suppose qu'il s'agit d'un dragon noir.
-- Parce qu'il est toujours vivant ? J'aurai préféré que Le Messager nous accompagne. Il aurait pu partir en éclaireur dans ces bois sombres. Avec cette histoire, je n'ai pas envie de tomber sur un dragon au détour du chemin.
-- Ca ne risque pas, il doit dormir et certainement pour quelques siècles encore, souffla Arhon.
-- Maître. Je sens une présence humaine sur notre droite, dit Sac d'os.
-- On nous surveille ?
-- Non, elle reste immobile et se tient à bonne distance.
- Combien ?
-- A peu près 400 mètres.
-- Tu as aiguisé tes perceptions, dis donc ! Je propose d'aller voir ce que cela signifie. Vous êtes d'accord ? Kay et Shijuga hochèrent la tête. Alors laissons nos montures à Sac d'os, elles nous empêcheraient d'approcher discrètement.

Ils avancèrent précautionneusement dans la forêt et se cachèrent à la lisière d'une clairière. Elle présentait un cercle parfait à l'orée de la forêt dû en partie à la présence nombreux monolithes de pierre noire ressemblant à du basalte. Au centre de la clairière se trouvait un autel de pierre brute très peu décoré et sur cet autel se trouvait un homme ligoté.
Il était très grand, très musclé et bâillonné. Il ne pouvait pas apercevoir le groupe depuis sa position et semblait résigné à son sort.
-- On va le délivrer ? demanda Kay à voix basse.
-- Je suis contre, dit Arhon. Si ça se trouve, il subit une punition de son peuple ou une épreuve rituelle.
-- Ou bien il fait l'objet d'un sacrifice, dit Shijuga. Regardez ! Et il pointa son index vers une forme noire et facilement reconnaissable qui se détachait dans le ciel.
-- Il dort encore pour quelques siècles, hein ? On ne peux pas le laisser là, décida Kay.
-- Mais on va lui servir de hors-d'œuvre ! répliqua Arhon.
-- Il semblerait que la créature ne vienne pas vers nous, constata Shijuga.
-- On a donc le temps de délivrer l'inconnu ! dit Kay en se précipitant vers lui.
-- Mettre le groupe en mauvaise posture est un art dans lequel elle excelle, clama Shijuga.
Ils la rejoignirent tandis que l'inconnu se massait les tempes.
-- Merci de m'avoir délivré, dit-il. Mon peuple voulait me sacrifier au dragon.
-- C'est une habitude régionale ? demanda Arhon.
-- Non. Je possède plus de pouvoir qu'il soit permis et sous l'influence du chef de ma tribu, mon village a décidé de me sacrifier au dragon.
-- Pour un dragon somnolent, je le trouve bien éveillé ! remarqua Kay.
-- C'est ma tribu qui l'a réveillé. Partons vite avant qu'il n'arrive.
-- Ils l'auront chèrement payé, je crois qu'il s'est dirigé vers votre village, dit Shijuga.
-- Oh, non ! J'espère qu'il n'est pas trop tard !
Et sur ces mots, le grand homme couru en direction de sa ville natale.

-- Ne me regarde pas comme ça ! Ce n'est pas moi qui lui ai dit de courir après le dragon ! dit Arhon.
Les trois comparses étaient restés près de l'autel et discutaient de la possibilité de rejoindre et d'aider l'homme qui devait être sacrifié.
-- Il semblait si désespéré…On aurait pu lui proposer notre aide ! dit Kay
-- C'est un DRA-GON qu'il y a là-bas ! Ne l'oublie pas. Et en plus, il ne s'est même pas présenté.
-- Ce n'est pas une raison, il était pressé d'aider son village, malgré le sort qu'ils lui réservaient. Il est de notre devoir de lui prêter assistance !
-- Ouais, et bien cours-y après ! Il court si vite qu'il doit déjà être rôti par le souffle du dragon !
-- Je ne crois pas. Regardez ! dit Shijuga.
A la différence de son premier passage, le dragon survolait la clairière au ras des cimes des arbres. Heureusement pour le groupe, il continua une fois de plus sa route.
-- Ce coup-ci, on a eu du bol qu'il ne nous a pas vu, dit Arhon.
-- Lui, non ! Mais son cavalier m'a regardé droit dans les yeux, dit Shijuga, et il n'a pas l'air commode.
-- Allez, ça suffit ! Je ne sais pas ce qui se trame par ici, mais plus tôt nous serons parti mieux ce sera pour notre peau, décida Arhon.
-- Mais…et le sacrifié, on ne va pas le laisser là tout seul, non ? s'inquièta Kay.
-- Si c'est de son corps musclé que tu t'inquiètes, il doit être en cendres au moment où je te parle.
-- Quand à moi, j'aurai bien aimé savoir quel était celui qui chevauchait le dragon, dit Shijuga.
-- Je peux peut-être vous amener une partie de la réponse, dit le sacrifié en sortant de la forêt. Mis à part, le pantalon de toile qu'il portait comme seul vêtement, il s'était chargé d'un sac de toile et d'un arc associé à des flèches unies à ses proportions gigantesques.
-- Pfffuu… et tu arrives à tirer avec cet arc ? demanda Arhon. Pour se recharger en flèches, ça ne doit pas être très commode…
-- Il m'a été remit par un talentueux armurier nain qui l'a confectionné à ma taille.
-- Je veux bien le croire, tu pourrais facilement embrocher deux gars avec de pareils traits.
-- Excusez-moi de vous déranger pendant que vous causez technique, les coupa Kay, mais je crois que…comment déjà ?
-- Hemmler. Fils de Kroshar, fils de Franir, gardien des pierres sacrées et de la métamorphose.
-- Hé bien, Hemmler, peux-tu nous dire quelque chose sur le personnage qui chevauche le dragon ?
-- En effet.
-- Et ? continua Kay après un temps.
-- Nous l'avons capturé alors qu'il rodait près de nos terres. Nous avions quelques frictions avec la tribu de demi elfes qui se trouve…ah, oui tiens ! Dans la direction qu'à pris le dragon, justement. Bref, nous l'avons capturé et il a assuré à ma tribu qu'il pouvait décrypter certains parchemins en notre possession. Comme la tribu avait besoin de réveiller le dragon afin de me sacrifier, ils lui ont demandé de le réveiller.
-- Et comment savait-il que vous aviez ces parchemins ? demanda Shijuga.
-- Personne ne lui a demandé à ma connaissance.
-- Peux-tu nous décrire ce personnage, s'il te plait ? demanda Arhon.
-- C'est un demi elfe mais il doit être très vieux car il a les cheveux aussi blancs que l'albâtre. Il a également, chose étrange, les yeux aussi rouges que la gorge d'un dragon. Il paraît très frêle et c'est certainement un magicien.
-- Bon, hé bien, il ne nous reste plus qu'à l'attendre sagement, dit Arhon.
-- Quoi ?! Mais tu voulais partir, il n'y a pas vingt minutes. Maintenant que Hemmler est sain et sauf, on se casse !!! protesta Kay.
-- Moi, je reste, dit Hemmler. Le dragon a détruit mon village et tous ses habitants sont morts. Je suis tout ce qui reste de mon peuple.
-- Raison de plus pour partir ! s'impatienta Kay.
-- De toute façon, c'est ce demi elfe qui a la pierre que nous recherchons.
-- Ce n'est pas vrai ! Tu dis ça pour qu'on reste abattre le dragon ! dit Kay.
-- C'est lui qui a dévasté la région, il y a 200 ans et avec ce dragon, précisément.
-- Alors, il est également responsable de la mort de mon aïeule Franir, dit Hemmler. Je reste définitivement.
-- Excuse-moi, mais je ne crois pas que tes flèches seront d'une grande utilité face à un dragon…précisa Arhon.
-- Une fois entre mes mains, elles prennent une consistance métallique qui traverse facilement les pierres les plus dures. Tenez, vous voyez, le monolithe noir là-bas ?
Hemmler décocha une flèche qui s'enfonça dans le rocher avec un bruit métallique. L'effet qu'il n'avait pas escompté, est que le monolithe se couvrit soudainement d'éclairs qui parcoururent sa surface pendant quelques secondes.
-- Intéressant, dit Kay en se rapprochant de l'un des monolithes, tandis que Hemmler allait chercher sa flèche. Il eut le temps de les rejoindre avant qu'elle eut finit son inspection.
-- Tes flèches n'en sont que plus redoutables, apprécia Arhon.
-- Mais le bruit peut être gênant pour des opérations où la discrétion est primordiale, précisa Shijuga.
-- Je peux leur donner cette capacité à volonté, dit Hemmler.
-- Ok, je marche pour le dragon, dit soudainement Kay en revenant du monolithe.
-- Tiens donc ! Et on peut savoir à quelles propriétés mystérieuses on doit ce revirement ? demanda Arhon.
-- Cette clairière n'est pas seulement un endroit de sacrifice. Correctement utilisées, ces pierres peuvent paralyser un dragon. Temporairement, certes, mais suffisamment pour le mettre hors d'état de nuire.
-- Hé bien, je vous suggère de commencer tout de suite mademoiselle, dit Sac d'os qui venait de les rejoindre à l'instant. Car je peux vous assurer que le dragon arrive. Et il n'a pas l'air très content !
C'est à ce moment là qu'ils entendirent le cri déchirant de la créature qui plongeait vers eux.

A la surprise d'Arhon, le dragon n'essaya pas d'atteindre les combattants dispersés dans la clairière avec son souffle. Il se posa près de l'autel comme si son cavalier et lui ne craignaient rien de ceux-ci. Cela donnerait à Kay un supplément de temps afin de préparer le piège, mais Arhon voulait surtout détourner l'attention du magicien. Il l'interpella :
-- Alors, Vir Knay ! Déjà sortit de prison ! Si je compte bien, il doit te rester encore un bon millier d'années à purger.
-- Arhon ! Quelle surprise ! répondit le magicien. Le dragon s'était tourné vers Arhon. Tu as bien grandi depuis la dernière fois. N'essaye pas de m'arrêter, tu sais que tu n'es pas de taille.
-- Deux cent ans sont passés et j'ai beaucoup appris.
-- Deux cent ans sont passés et mon pouvoir s'est fortifié ! répondit le magicien qui d'un geste lança un rayon qui visait Arhon. Mais celui-ci détourna le projectile d'un revers de son épée. Dans le même temps, une flèche décochée par Hemmler se dirigea vers le dos du magicien mais ricocha sur un mur invisible.
-- C'en est assez ! jura Vir Knay. Je vais vous donner une leçon que vous n'oublierez pas.

A ces mots, le dragon sembla reprendre vie et des tâches rouges apparurent sur ses écailles. Un dragon noir rouge moucheté ! La particularité de leur souffle était de rester comme "collé" à la surface des objets ou êtres vivants qu'il touchait.
Le dragon se prépara à souffler sur Arhon qui ne bougeait pas, mais une flèche atteignit le dragon à l'œil droit qui sous le coup de la douleur détourna sa gueule. Le souffle embrasa la forêt à la gauche d'Arhon qui avait les yeux rivés sur le magicien, comme s'il lui parlait par télépathie.

Vir Knay voulut punir l'archer et tendit la paume de sa main dans sa direction. Des filets de brume noirâtres en jaillirent et se dirigèrent vers lui en cherchant à le submerger. L'archer laissa tomber son arc et tenta de s'en démêler. Shijuga profita de ce que le magicien lui tournait le dos pour lui sauter dessus depuis une branche située plus en hauteur, mais la queue du dragon le cueillit en plein vol et l'expédia au sol avec violence, le laissant comme inconscient.
Certainement à la suite d'un ordre donné par le magicien, le dragon chargea Arhon. Celui-ci ne bougea toujours pas mais releva soudainement le bras droit, la paume de la main tournée vers le ciel et prononça un mot. Un stylet de pierre géant sortit de terre, prêt à embrocher le dragon, mais le magicien esquissa un geste ample d'écartement et le pieu s'éloigna de la créature, pourfendant le vide.

Le dragon était très proche d'Arhon lorsque les pierres luirent et que des éclairs, partant de chaque monolithe noir, vinrent à frapper le dragon. Celui se mit à rugir, non pas de douleur, mais de rage et déséquilibra son cavalier avant de se recroqueviller. Vir Knay, après s'être relevé, eut juste le temps de lancer un sort avant qu'une créature mi-homme, mi-loup ne se rue sur lui. Hemmler faisait parler ses dons innés pour la métamorphose.

Une enveloppe spectrale visible recouvrait le magicien et celui-ci échappait constamment à l'homme-loup. Sac d'os, qui jusque là protégeait Kay, s'engagea dans le combat mais cela ne changea pas grand chose. Arhon commença alors à incanter une étrange mélopée tandis que Kay restait concentrée sur les monolithes. Une erreur de sac d'os fournit une ouverture à Vir Knay qui l'envoya se fracasser sur un monolithe. La violence du choc le transforma en tas d'os.

Le combat semblait durer éternellement lorsqu'une ombre passa à travers le magicien, détruisit sa combinaison spectrale et enveloppa Hemmler. Une voix sombre et profonde sembla en surgir : "Par cet être, je me fais justice !". L'homme-loup n'hésita pas une seconde de plus et s'acharna sur un magicien désemparé car l'homme ne semblait pas ressentir les coups des projectiles magiques qu'il lui envoyait. Le magicien succomba rapidement, Hemmler reprit sa forme humaine et l'ombre disparut comme satisfaite.

Arhon était au près de Sac d'os à qui il promettait de remodeler un corps plus résistant et Kay réveillait Shijuga. Le dragon semblait toujours être en torpeur.
-- Qu'est-ce que c'était que cette ombre ? demanda Hemmler à Arhon.
-- C'était le fantôme de ton aïeule qui demandait réparation. Il t'a protégé le temps de ton combat.
-- Je n'aime pas trop que l'on joue avec mes ancêtres, dit Hemmler.
-- Je ne l'ai pas manipulé, se défendit Arhon, il a agit de son plein gré ! Je lui ai juste dit que son petit-fils combattait celui qui l'avait tué et que je pouvais l'aider à intervenir sur ce plan.
-- Et pourquoi tu restais planté là, demanda Kay, sans bouger ?
-- Et le sort !!! Ne libère pas le dragon, cria Arhon.
-- Je crois que j'y suis allé un peu fort… le sort devrait perdurer un petit moment. Désolée !
-- Et combien de temps à peu près ?
-- Une vingtaine d'année tout au plus !
-- On ne peut pas le laisser là, il recommencera ses ravages, dit Hemmler.
-- Je ne crois pas qu'il en soit responsable, dit Arhon. Je pense qu'il était manipulé par Vir Knay. Je vais lui parler.
Arhon se dirigea vers le dragon tandis que Shijuga dépouillait le magicien.
-- Tu dois être fatigué, dragon ! lança Arhon.
-- Très fatigué, je sors à peine d'un sommeil de 200 ans et c'est encore pour me faire manipuler, répondit la voix profonde du dragon. Laissez-moi me reposer.
-- Kay, tu veux bien libérer le sort pour qu'il puisse rentrer à sa caverne ? demanda Arhon.
-- Eh, bien… en théorie, c'est possible. Mais je ne connais pas la formule qui permet le relâchement…
-- Désolé vieux, mais tu vas devoir rester ici un petit bout de temps. Prends soin de toi.
-- N'aie crainte, j'ai toujours mon souffle à disposition et à moins que vous n'ébruitiez mon emplacement, je ne pense pas que l'on me trouve de si tôt. Cette contrée est très peu traversée.
-- Hé bien, au revoir et soigne toi bien.

Les compagnons trouvèrent la pierre qu'ils étaient venu chercher sur le magicien et s'en retournèrent à l'Assemblée accompagnés d'un nouvel allié.

Et voilà !

C'était le dernier épisode écrit (le reste est dans ma tête).

Les aventures d'Arhon et de ses compagnons ne s'arrêtent pas là mais bon, je suis revenu de Rennes après cela...